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L'alimentation des tortues
terrestres.
par Lionel Schilliger, docteur vétérinaire
Les besoins nutritionnels des tortues terrestres.
Les tortues terrestres sont pour la plupart végétariennes (phytophages). Dans
la nature, elles ont un régime herbivore, folivore et frugivore souvent très
diversifié. Elles se nourrissent de tiges, de feuilles, de fleurs, de bourgeons,
de fruits et de fragments d'écorces. En période d'activité, elles se nourrissent
tous les jours et ingèrent plusieurs petits repas au cours de la journée. Leur
appareil digestif comprend une cavité buccale munie d'une langue très charnue et
d'un bec corné, un oesophage, un estomac, un intestin grêle, un caecum et un
gros intestin qui débouche dans le cloaque, chambre cylindrique s'ouvrant
postétieurement vers l'anus et recevant le bol fécal, le contenu de la vessie et
les oviductes. Chez les tortues terrestres, le tube digestif est plus long et le
caecum plus développé que chez les tortues aquatiques. Ces carastéristiques
constituent une adaptation à la digestion de la cellulose des végétaux. La durée
du transit intestinal est très variable (de3 à 28 jrs !), selon la température
extérieure, la fréquence des repas et la teneur en eau et en fibre de la ration.
En captivité, il est fortement recommandé de nourrir une tortue avec des
aliments qui se rapprochent le plus possible de son régime alimentaire naturel.
Pour ce faire, il est indispensable de bien connaître la flore de son biotope
(naturel du sol, des végétaux présents dans le pays d'origine). Mais, malgré
cette précaution, il est illusoire d'espérer reproduire avec exactitude le
régime d'une tortue exotique sauvage. Le but recherché en terrariophilie est
alors de couvrir l'essentiel de ses besoins nutritionnels en lui apportant une
alimentation la plus variée possible. Malheureusement, il est impossible
d'établir une "ration type", adaptée aux besoins de toutes les tortues
terrestres, car leur localisation géographique conditionne la nature de leur
régime.
En effet, une tortue de biotope aride et désertique se nourrit
davantage de foin, de plantes sèches et de cactées qu'une tortue de biotope
tropical humide qui est habituée à ingérer des végétaux riches en eau et en
glucides. Généralement, toutes les tortues sont instinctivement attirées par les
aliments très colorés (jaune, rouge ou orange), tels que les fraisses, les
framboises, les cerises, les abricots, les pommes, les bananes, les oranges, les
patates douces et les mangues. Pour schématiser, le régime des tortues
terrestres doit comporter environ 90% de végétaux et 10% de fruits, et doit être
globalement : - pauvre en matières grasses (<10% de l'apport énergétique en
calories) - pauvre en protéines (15-35% de l'apport énergétique en calories) +
riche en minéraux (avec deux fois plus de calcium que de phosphore) + riche en
fibres (20-30% de cellulose brute par rapport à la matière sèche) + riche en
vitamines, en oligo-éléments et en eau. le rapport phosphocalcique ou rapport
Ca/P de l'alimentation est primordial. Il correspond à la proportion de calcium
par rapport au phosphore. Plus ce rapport est élevé, plus la teneur en calcium
de l'aliment est élevée par rapport au phosphore. Chez les tortues herbivores,
ce rapport Ca/P de l'alimentation doit être compris entre 1,5 et 4, pour d'une
part, assurer une bonne croissance squelettique et une bonne rigidité de la
carapace, et d'autre part, maintenir constantes la calcémie et la phosphorémie
sanguines. Ceci signifie que les aliments distribués doivent contenir environ 2
à 4 fois plus de calcium que de phosphore. Or, de très nombreux végétaux et
fruits ont un rapport Ca/P inférieur à 1 (cf. tableau 1). C'est le cas, par
exemple de la laitue, de la tomate, de la carotte, de la courgette, du concombre
et de la pomme, aliment que l'on a coutume de donner en grande quantité aux
tortues !
Il convient de leur distribuer plutôt des végétaux et des fruits
dont le rapport phosphocalcique est supérieur à 1,5 (cf. tableau 2). Une
alimentation trop riche en phosphore et carencée en calcium aboutit rapidement à
une maladie osseuse très grave appelée ostéofibrose nutritionnelle, et à des
troubles de la reproduction. Un apport suffisant de vitamine A (rétinol) dans la
ration est également à prendre en considération, même si les tortues terrestres
semblent moins sensibles que les tortues aquatiques à l'hypovitaminose A. Or, il
s'avère que les aliments préconisés dans le tableau 2 sont des végétaux très
riches en vitamine A. Ils présentent donc un double avantage : celui d'être
riches en calcium et celui d'être riches en vitamine A ! Une carence en vitamine
A se manifeste chez les tortues herbivores par l'apparition de problèmes
cutanés, oculaires, gingivaux, hépatiques, rénaux et respiratoires. Plusieurs
études tendent à prouver que l'hypovitaminose A pourrait être un des facteurs
prédisposants du syndrome de rhinite infectieuse ("runny nose syndrome"),
malheureusement bien connu des chéloniophiles.
Alimentation à fournir en captivité
A la lumière des différents besoins nutritionnels envisagés précédemment et
après lecture des tableaux 1 et 2, il apparaît que les principaux aliments
devant être distribués en quantité prépondérante dans la ration sont les
suivants : Feuilles et fleurs de pissenlit, endives, romaine, cresson, luzerne,
feuilles et fleurs de trèfle, chou (feuilles vertes plutôt que blanches),
épinards, kiwi, mangue, papaye, figue fraîche, orange, céleri en branches,
blettes, feuilles de betterave, feuilles de brocoli (éviter les fleurs),
feuilles de navet, feuilles et fleurs d'hibiscus, feuilles de mûrier, cactées et
plantes grasses. Attention ! ces aliments naturellement riches en calcium, ne
favorisent une croissance optimale des juvéniles et une bonne calcification de
la carapace que si les tortues bénéficient régulièrement d'exposition à des
rayons ultraviolets B (lumière naturelle en enclos extérieur ou tubes lumineux
spécifiques à spectre UVB en terrarium). Ces ultraviolets leur permettent de
synthétiser de la vitamine D3, indispensable à l'absorption intestinale du
calcium.
Quant aux végétaux, fruits et invertébrés énumérés ci-dessous
(pauvres en calcium), ils ne sont pas à proscrire de l'alimentation, bien
entendu, mais ils doivent seulement compléter une ration établie à partir d'un
mélange des aliments de la liste précédente : tomate, salade verte, pomme,
poire, carotte rapée, courge et courgette, concombre, melon, vers de terre,
limace, vers de farine (larves de Ténébrion). De plus, les carottes, laitues et
tomates sont riches en vitamine A.
Aujourd'hui, plusieurs aliments
industriels pour tortues terrestres sont disponibles sur le marché. Ils se
présentent sous la forme de croquettes et offrent le double avantage d'être
économiques et équilibrés. Compte tenu du faible recul dont on dispose pour
évaluer les effets (bénéfiques ou néfastes) de ce nouveau type l'alimentation
pour tortues herbivores, il convient d'être prudent quant à leur utilisation
systématique. Cependant, ces croquettes, distribuées sèches ou légèrement
humidifiées, peuvent être, lorsqu'elles sont bien acceptées, incorporées au menu
sans risque, à raison de 30 à 50% de la ration totale (demandez conseil à votre
animalier).
Ce qu'il faut retenir
1. Les tortues terrestres herbivores doivent manger tous les jours, sauf lorsque leur métabolisme se ralentit (période pré-hivernage).
2. Une alimentation exclusivement constituée de salade verte, de tomate et d'épluchures de carotte expose la tortue à de graves carences calciques, surtout en période de croissance maximale (voir les aliments conseillés en tableau 2).
3. Ne jamais distribuer de croquettes ou de boîtes d'aliments pour chiens et chats à une tortue herbivore ! Il faut éviter une alimentation trop riche et garder à l'esprit que dans la nature, la plupart des tortues se nourrissent de fourrage ayant une faible valeur énergétique.
4. Il est dangeureux et inutile d'enrichir la ration avec un complément minéralo-vitaminés (risque d'hypervitaminose A et D3) si l'alimentation est équilibrée et si la tortue est exposée quotidiennement à des rayons ultraviolets (UVB) naturels ou artificiels.
5. Ne jamais distribuer de végétaux préalablement traités par des herbicides ou des pesticides.
6. Une tortue terrestre ne doit pas être alimentée qu'avec du chou, de la rhubarbe ou des épinards (risques de déficience thyroïdienne et d'apparition de calculs urinaires à oxalate de calcium).
7. Un régime "tout-fruits" provoque des fermentations digestives de glucides enzymorésistants biodégradables, pouvant entraîner une surpopulation bactérienne et/ou parasitaire à l'origine de diarrhées graves.
8. Les aliments à base de produits laitiers (yaourt, fromage blanc, "petit suisse", lait maternisé en poudre à reconstituer) sont à proscrire car ils peuvent être à l'origine de diarrhées acides par intolérance au lactose.
9. Une tortue mal nourrie en captivité est une tortue fragilisée
!
TABLEAU 1
Aliments dont le rapport phosphocalcique est inadapté aux besoins en minéraux des tortues terrestres herbivores (aliments contenant plus de phosphore que de calcium, c'est-à-dire de rapport Ca/P<1,5) et pouvant être responsable d'ostéofibrose nutritionnelle.
Aliment Rapport Ca/P
Banane 0,3 Romaine 0,8 Raisin 0,6 Tomate 0,4 Fraise 0,7 Carotte 0,6 Framboise 1,0 Chou-fleur 0,6 Melon 0,6 Courgette 0,7 Pêche 0,4 Champignon 0,06 Poire 0,8 Macédoine de légumes 0,5 Pomme 0,5 Steak de boeuf haché 0,1 Salade de fruits en boîte 0,6 Foie de boeuf 0,1 Fleurs de brocoli 0,6 Vlanc de poulet 0,1 Choux de bruselles 0,2 Aubergine 0,3 Maïs 0,1 Larve de teignes de ruche 0,08 Concombre 0,5 Vers de farine 0,1 Laitue 0,4 Vers de terre 0,1
TABLEAU 2
Aliments dont le rapport phosphocalcique est adapté aux besoins en minéraux des tortues terrestres herbivores (rapport Ca/P>1,5), et dont la teneur en vitamines A est élevée.
Aliment Rapport Ca/P
Figue sèche |
2,1 |
Feuille de navet |
4,8 |
Orange épluchée |
2,4 |
Feuille de pissenlit |
2,9 |
Céleri en branche |
1,5 |
luzerne |
6,1 |
Epinard |
2,0 |
Tiges de brocoli |
2,6 |
Chou (Feuille blanche) |
1,6 |
Blette |
3,0 |
Chou (feuille verte) |
5,9 |
Chicorée frisée |
2,7 |
Chou rouge |
1,2 |
Cresson |
3,5 |
Chou frisé |
2,9 |
Rutabaga |
3,2 |
Feuille de betterave |
2,6 |
Endive |
1,8 |
Feuille de brocoli |
3,9 |
Persil |
3,3 |
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Les dix commandements de la prophylaxie sanitaire et médicale chez les chéloniens.
La clé du succès en terrariophilie passe impérativement
par le respect scrupuleux de quelques règles élémentaires de prophylaxie
sanitatire et de chimioprévention, qui sont édictées ci-dessous en "dix
commandements". Cette rigueur est particulièrement recommandée pour la
maintenance en captivité des chéloniens qui cohabitent souvent en groupe dans un
même terrarium, aquaterrarium ou parc extérieur. En effet, la réussite d'un
élévage de tortues, c'est-à-dire la réalisation et l'observation de cycles
complets de reproduction, est l'aboutissement gratifiant d'une conduite à tenir
depuis la réception des animaux jusqu'à l'éclosion de leur progéniture.
Cet
article traite des premières mesures préventives et curatives à adopter dès
l'acquisition d'une tortue.
Faire observer une période de mise en quarantaine à tout nouvel arrivant.
Cette première mesure de prophylaxie sanitaire est essentielle et
obligatoire. Elle doit s'appliquer sans exception à toute tortue dès son
arrivée, quelle que soit son origine (importée, sauvage ou née en captivité).
Pendant cette mise en quarantaine (d'une durée approximative de 1 mois), chaque
animal doit être isolé dans un enclos à part ou dans un terrarium d'infirmerie,
distinct et éloigné des autres, et doit faire l'objet, de la part de l'éleveur,
d'un examen visuel attentif et détaillé au fil des jours, afin d'évaluer son
état général (dynamisme, comportement et appétit) et de déceler toute maladie en
début d'évolution (jetage au niveau des narines, hypersalivation, respiration
gueule entrouverte, écoulements oculaires suspects, consistance des selles
anormale, présence de suffusions (épanchement d'un liquide organique hors du
vaisseau le contenant) hémorragiques sur les membres et sur le plastron,
présence d'acariens ou d'ulcérations sur le tégument). Toute tortue déclarée
malade pendant cet isolement devra être rapidement soignée à l'aide d'une
thérapeutique appropriée et réévaluée après la fin de son traitement avant de
réintégrer un cheptel sain de congénères.
Effectuer d'un protocole de chimioprophylaxie (prévention des maladies par des traitements à base de substances chimiques) antiparasitaire sur chaque tortue mise en quarantaine.
Compte tenu de la gravité des affections parasitaires internes chez les
chéloniens, il est tout à fait justifié, et même fortement recommandé,
d'appliquer un protocole de lutte antiparasitaire systématique, "à l'aveugle",
sur chaque tortue apparemment saine au cours de la quarantaine. En effet, parmi
les pathologies les plus fréquemment observées en captivité, les endoparasitoses
(endoparasite : parasite vivant à l'intérieur d'un organisme animal ou
végétal) (maladies potentiellement redoutables et contagieuses) occupent la
troisième place deririère les maladies bactériennes et les troubles métaboliques
d'origine nutritionnelle.
On estime aujourd'hui que leur importance est trop
souvent minimisée en terrariophilie. L'association thérapeutique des trois
principes actifs suivants est préconisée :
- le Métronidazole (Flagyl 4%
N.D.H (nom déposé : médicament disponible en pharmacie)).
-
le Lévamisole (Nemisol 15% N.D.V (nom déposé : médicament disponible
chez les vétérinaires)).
- le Praziquantel (Droncit N.D.V).
Ces trois
médicaments antiparasitaires internes sont dénués de toute interaction
médicamenteuse et peuvent être administrés simultanément.
Le métronidazole est un antibiotique protisticide (agent permettant la destruction de tous les animaux unicellulaires comme les protozoaires) doté d'une puissante activité contre les principaux protozoaires digestifs et urinaires des chéloniens, à l'exception des coccidies. Il s'utilise à la posologie (quantité et rythme d'administration d'un médicament prescrit) de 160mg/kg de poids vif (poids de la carapace compris), par sonde oro-gastrique, 2 fois à trois jours d'intervalle, ce qui correspond à 4 ml du soluté buvable de Flagyl à 4% par kg de poids vif à J0 et à J3 (traitement à 3 jours d'intervalle).
Le lévamisole est un vermifuge ( remède propre à faire évacuer les vers
intestinaux) très efficace contre tous les nématodes gastro-intestinaux et
pulmonaires des tortues (vers ronds). Il est très commode d'emploi et doit être
administré à la posologie de 0,1 ml/kg de poids, par voie I.M. (injection par
voie intramusculaire) dans le muscle triceps brachial, 2 fois à 15 jours
d'intervalle, (soit 4 unités de seringue à insuline) à J0 et J15. Attention aux
erreurs de dosage ! En cas de doute faites appel à votre vétérinaire.
Pour
les tortues de poids inférieur à 250 g, préférer l'utilisation du Panacur à 2,5%
en soluté buvable, qu'il faut utiliser à la posologie de 2ml/kg, deux fois à 15
jours d'intervalle, par sondage oro-gastrique.
Le praziquantel est la seule molécule antiparasitaire interne réellement
efficace contre les vers plats (à la fois contre les cestodes, c'est-à-dire les
taenias, assez rares chez les chéloniens, mais aussi contre les trématodes, très
fréquents chez les tortues d'eau douce).
Il s'utilise à la posologie de 8
mg/kg par voie I.M., en une seule fois, ce qui correspond à 4 Unités
Internationales du soluté injectable de Droncit à 5% dans une seringue à
insuline standard (40 U.I./ml).
Cette tri-thérapie chimioprophylactique
fournit d'excellents résultats et permet de diminuer considérablement la
pression d'infestation parasitaire des tortues dès leur réception, avant de les
introduire dans un lot sain. Rappelons que de nombreux parasites internes ont un
cycle évolutif monoxène, c'est-à-dire direct. La transmission de ces parasites
s'opère alors très facilement, par ingestion de végétaux contaminés par les
selles d'une tortue parasitée, ou même seulement par l'intermédiaire d'une eau
souillée dans un aquaterrarium.
Administrer un traitement antibiotique précoce si une
tortue présente un syndrome infectieux.
La présence d'une éventuelle infection doit être évaluée par un vétérinaire à
l'issue d'un examen clinique complet. Mais certains grands syndromes sont
désormais classiques, bien connus des terrariophiles et facilement
identifiables. Il importe alors de les traiter "vite et fort".
Si une
consultation auprès d'un vétérinaire ne peut être assurée rapidement, il est
possible d'administrer à une tortue malade de l'enrofloxacine (Baytril 5% N.D.V)
par voie I.M. dans le muscle triceps brachial, 1 fois par jour pendant 10 jours
de suite, à la posologie de 5-10 mg/kg de poids vif, ce qui correspond à 8 U.I
de soluté dans une seringue à insuline par kg. Cet antibiotique du groupe des
fluoroquinolones est dénué de toute néphrotoxicité (action négative sur les
reins) chez les reptiles et peut être utilisé sans danger. Il est très
efficace contre la majorité des bactéries responsables de maladies infectieuses
chez les tortues. Ce traitement doit être instauré très rapidement en cas de
septicémie hémorragique, de rhinite, de stomatite, de bronchopneumonie, de plaie
cutanée surinfectée ou de maladie ulcérative de la carapace. Il faut consulter
un vétérinaire si l'infection résiste au traitement.
Proscrire la surpopulation et le mélange d'espèce différentes dans un même enclos, terrarium ou aquarium.
La promiscuité d'espèces d'origines géographiques différentes est un non-sens
écologique qui représente une véritable source de problèmes. De nombreux agents
pathogènes (qui provoque ou peut provoquer une ou des maladies)
(bactéries, virus ou parasites) peuvent être transmis dans un élevage à
partir de tortues porteuses d'apparence saines qui jouent les rôles de
réservoirs sans déclarer de maladie. La surpopulation est synonyme de stress
physiologique, bien connu pour affaiblir les défenses immunitaires. Elle
provoque également des combats intempestifs entre mâles à la suite de conflits
de dominance ou de territorialité.
Respecter les facteurs d'ambiance requis pour chaque espèce.
Chaque espèce de tortue exige des conditions de maintenance spécifiques. Il
convient de veiller à les respecter constamment (températures diurnes et
nocturnes, photopériode, hygrométrie, hivernage, exposition à des rayonnements
ultraviolets, alimentation, boissons).
Veiller à l'hygiène du milieu.
L'hygiène est un facteur primordial de prophylaxie sanitaire. Les terrariums
ou aquaterrariums doivent être régulièrement désinfectés à l'eau de Javel (les
animaux ne doivent évidemment jamais entrer en contact avec l'eau de Javel et
les surfaces désinfectées doivent être abondamment rincées (note de la
rédaction)), les systèmes de filtration de l'eau des bacs doivent être
performants, les excréments dans les enclos extérieurs doivent être fréquemment
ramassés et la litière des boxes doit être maintenue propre.
Veiller à la qualité de l'alimentation
La qualité de l'alimentation est un facteur primordial. En prévention de
risques d'ostéofibrose (transformation fibreuse des os) nutritionnelle,
les chéloniens herbivores doivent recevoir une alimentation au moins deux fois
plus riche en calcium qu'en phosphore (ex. chou, pissenlit, luzerne, cresson,
endive, romaine, melon, orange, blette, navet, feuille de brocolis, feuilles de
betteraves, mache ou croquettes industrielles pour tortues terrestres). Quant au
régime alimentaire des chéloniens carnivores aquatiques, il doit être constitué
le plus possible de proies entières (poisson frais non congelé avec arêtes,
vertébrés aquatiques) ou de croquettes adaptées à leur régime
hyperprotidique.
Traiter systématiquement toute plaie débutante
Toute affection cutanée, même bénigne, doit être désinfectée (au soluté de
Dakin ou à la chlorhexidine, par exemple) afin de prévenir l'apparition de
surinfection mycosique ou de myiase (présence de larves de diptères à
l'intérieur d'une plaie)
Désinfecter régulièrement le matériel de soins et de contention.
Une désinfection simple à l'eau de Javel, des pinces, des sondes, des
brosses, des épuisettes et des gamelles évite la transmission d'agents
pathogènes entre les tortues. Des seringues et des aiguilles à usage unique
doivent être utilisées pour les traitements injectables.
Faire pratiquer un examen coproscopique (coproscopie : analyse des excréments) régulier.
Une analyse annuelle des selles doit être effectuée sur des selles de mélange
pour chaque enclos ou aquaterrarium. Cette mesure permet le dépistage des
parasitoses récidivantes à cycles monoxènes et évite les réinfections
potentielles de tout un cheptel.
Conclusion : une tortue correctement
vermifugée, se voyant distribuer une alimentation équilibrée, exposée
régulièrement à des rayonnements ultraviolets dans un milieu propre et adapté à
son biotope est une tortue qui fréquentera rarement la salle d'attente du
vétérinaire !
Gardons toujours à l'esprit cet adage de l'erpétopathologiste
américain Roger Klingenberg : Captivité + stress + parasitisme = maladies
potentielles.
Lionel Schilliger
Docteur vétérinaire
(janvier
1998).
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Beaucoup d'éleveurs pensent qu'il n'est pas nécessaire de faire hiberner les nouveaux-nés la première année. Il est vrai que si l'on saute cette étape, et si on les maintient en activité artificiellement, les jeunes tortues vont continuer leur croissance tout l'hiver. Malheureusement, au bout de quelques semaines ou quelques mois, on constate que certains spécimens ont la carapace de plus en plus molle, qu'ils finissent par cesser de manger et meurent. Ce phénomène peut prendre la forme, parfois, d'une véritable épidémie. Il est quasiment impossible de l'enrayer.
Notre expérience nous conduit à constater que si nous faisons hiberner les juvéniles dès la première année, nous aurons une faible mortalité durant l'hibernation, ainsi que durant les semaines qui suivront le réveil au printemps. Cette mortalité est somme toute naturelle. Mais elle est sans commune mesure avec le risque de mortalité suite à une épidémie de décalcification des carapaces.
Pour faire hiverner les jeunes tortues, la première année, deux cas de figure se présentent :
- les chanceux qui habitent dans le sud de la France
Il leur suffira de trouver à l'extérieur un site abrité des intempéries et d'une trop forte humidité, mais également protégé des prédateurs comme la souris ou le rat. Cet emplacement sur un sol meuble devra être chargé de débris végétaux (feuilles, foin, paille, etc...) suffisamment épais pour éviter les trop fortes variations de température entre le jour et la nuit. On pourra recouvrir l'emplacement d'une plaque de verre ou d'une planche de bois ou si possible de plaques de liège. Si durant l'hiver, des juvéniles sortent lors des journées fortement ensoleillées, il sera nécessaire tous les soirs de s'assurer qu'ils sont bien à nouveau enfouis.
- pour tous les autres
Le risque est trop grand de faire hiberner les jeunes tortues en extérieur. Il est donc nécessaire de provoquer une hibernation artificielle. La durée de celle-ci ne sera que de quarante-cinq à soixante jours. Pour cela, il suffit de se procurer au choix un carton, un cageot, une caisse ou une boîte à chaussures, de remplir complètement le contenant de débris végétaux, de préférence du foin, et d'y installer entre deux couches les juvéniles. Une semaine auparavant, il sera utile, si possible, de faire tomber la température du terrarium, de cesser de nourrir les animaux, de les baigner une dernière fois, 24h avant de les installer. La boîte ou la caisse devra être installée dans un endroit frais hors gel, où la température ne sera jamais supérieure à 10°. Pour ceux qui n'ont pas de garage ou de cellier, ils ont la possibilité d'utiliser le bas à légumes du réfrigérateur, cela marche parfaitement bien, la température étant idéale. Cette opération doit se réalise entre mi-décembre et mi-février. A l'issue de cette période, il suffira de libérer les jeunes tortues de leur boîte, de les réinstaller dans leur terrarium et de réchauffer celui-ci progressivement, les conditions de maintenance étant les mêmes qu'avant l'hibernation...